LE CONCEPT
La cartographie en anamorphose a pour but d´adapter la forme de la carte non pas à la réalité physique mais plutôt à la réalité perçue. Cette déformation de l´espace peut être construite par un modèle mathématique (interpolation d´un champ vectoriel selon un modèle gravitaire) à partir de données quantitatives réelles (les temps d´accès ferroviaire de ville à ville par exemple). La carte est donc considérée ici non plus comme un modèle de la réalité géographique, mais avant tout comme un document de communication.
CYBERGEO – Patrice Langlois et Jean-Charles Denain
QUELQUES APPLICATIONS :
A) LES TRANSPORTS
Dans un système de transport ferroviaire, les villes ne bénéficient pas toutes des mêmes conditions d´accès, lesquelles dépendent de la forme du réseau et de l´organisation des dessertes. On constate empiriquement une contraction des grandes distances avec le TGV et une dilatation des courtes distances avec l´omnibus. La carte en anamorphose, centrée sur chaque capitale nationale, va permettre d´illustrer cette notion de “rugosité de l´espace”, et de montrergraphiquement la différence entre deux logiques territoriales en matière de grande vitesse ferroviaire. En 1992-93, dix-sept villes anglaises étaient reliées par InterCity (200km/h) alors que seule la liaison Paris/Le Mans bénéficiait du TGV (300km/h).
La déformation est sensible en Angleterre, notamment à l´ouest où un grand nombre de villes se rapproche de Londres, tandis qu´en France elle est spectaculaire, la Bretagne faisant un bond en avant vers Paris (“effet-tunnel” du TGV). On voit que Le Mans (LEM) se positionne avant Chartres (CHA), ce qui provoque même un pli du quadrillage ; ou encore que la déformation pour la liaison Paris/Brest (PRS et BRE) est plus forte que celle de Londres/Penzance (LDN et PEN), alors que la distance en kilomètre est plus importante pour la première.

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