« Nous sommes soumis à une pression sonore permanente », assurent les experts. Un bruit en continu qui joue sur notre santé et « agresse » un Français sur deux.
Le bruit est aujourd’hui perçu comme une nuisance, une « pollution sonore » parce que les pauses silencieuses sont devenues rares voire inexistantes. « La grande différence est qu’autrefois le bruit ne rentrait pas dans la sphère privée », observe Sébastien Leroy, de JNA.
Une action directe sur la zone la plus sensible de l’oreille interne Alors qu’il n’est pas rare à présent que des jeunes vivent jour et nuit avec un casque sur la tête pour écouter de la musique, regarder des vidéos ou masquer le bruit des autres. Que ce soit dans la rue, dans les transports en commun, au restaurant, au bureau ou à domicile, « nous sommes soumis à une pression sonore permanente », constate ainsi le professeur Jean-Luc Puel, directeur de recherche de l’Inserm.
Or cette exposition permanente affecte non seulement l’ouïe mais encore la santé en général, insiste Pascal Foeillet, médecin ORL. « Le bruit a une action directe sur la zone la plus sensible : la partie auditive de l’oreille interne », explique-t-il, rappelant que les effets sont liés à l’intensité et à la durée de l’exposition.
Dans une rue à fort trafic, le bruit est de l’ordre de 75 à 90 décibelsAinsi à partir de 85/87 décibels (dB) et une exposition variant de huit heures à quelques minutes selon l’intensité du bruit, « le système auditif souffre et, à long terme, des troubles auditifs ou des acouphènes vont s’installer ». À titre d’exemple, dans une rue animée ou à fort trafic, le bruit est de l’ordre de 75 à 90 dB. Les sports mécaniques génèrent eux un bruit allant de 90 à 110 dB.
Le Dr Foeillet ajoute que la « lésion s’installe de manière très insidieuse, sans forcément être perçue immédiatement ». Et, elle est irréversible. Dans les discothèques où le bruit peut atteindre les 110 décibels et plus, « des dégâts considérables peuvent intervenir en quelques minutes », insiste de son côté Martine Ohresser, médecin ORL.
Troubles du sommeil, surpoids et anxiétéLe bruit a en outre des effets plus généraux sur la santé en agissant sur le système émotionnel. Des études ont ainsi montré que des personnes exposées au bruit quotidien comme celles habitant à proximité d’un aéroport présentaient plus fréquemment des maladies cardiovasculaires, des pressions artérielles plus élevées ou des troubles psychiques comme l’anxiété voire la dépression. Elles souffrent aussi davantage de troubles du sommeil.
Plus de 6 millions de Français touchés par des problèmes d’auditionEn France, 12 à 13 % de la population, soit 6 à 8 millions de personnes sont touchées par des problèmes d’audition, selon des données de la JNA. L’association estime que ces données sont probablement inférieures à la réalité faute, notamment de dépistage efficace.
« Les tests basiques sont insuffisants », déplore le professeur Hung Thaï Van, chef de service audiologie qui évoque de mauvais diagnostics. Selon lui, « près de 40 % des enfants en difficultés scolaires peuvent ainsi avoir un trouble central d’audition ». L’an dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait averti que plus d’un milliard de jeunes dans le monde étaient menacés par des troubles auditifs parce qu’ils écoutent de la musique trop forte.